Quand Mr PONGO, mon PDG bien-aimé a déboulé dans mon bureau pour me demander de rédiger un article sur la mythique émission de TV "Qui veut gagner des millions ?", j'avais les larmes aux yeux. D'une part parce que je m'étais coincé le doigt en fermant violemment mon tiroir, mais aussi sous le coup de l'émotion face à la noble mission qui m'était confiée.
J'ai toujours adoré cette émission. Pour mieux rendre compte de l'évolution qu'elle représente dans le monde des jeux télévisés de questions-réponses, je vais faire un parallèle osé entre l'émission championne de TF1 avec le rustique "Question pour un champion" de France 2.
Jean-Pierre Foucault est mon idôle absolue. Quelle charisme, quelle maîtrise dans le style ! Sa tenue vestimentaire est irréprochable, et son sens du suspense est impressionnant. Rien à voir avec Julien Lepers et ses frisouches de bouseux, qui la ramène tout le temps, qui en fait des caisses et qui s'habille comme un clown.
De plus, Foucault sait faire douter les candidats. Il leur demande une vingtaine de fois s'il sont sûr de leur réponse, jusqu'à ce qu'ils suent comme des porcs sur leur fauteuil design. On a déjà vu des candidats quitter le jeu sur la question à 15€ à cause de cette pression terrible. C'est fort. C'est un véritable travail d'artiste, il cuisine le candidat, il lui fait peur, il le titille...
Je crois que dans cette émission, l'appât du gain est secondaire, en effet, la culture est à l'honneur. Tous les domaines de la connaissance sont concernés. Du nom du dernier Pokemon au classement par ordre alphabétique du nom de quatre villes françaises (redoutablement sélectif), la difficulté et la variété des questions contribuent au succès du show.
Et puis au moins sur TFI, on comprend les questions ! Parce que chez Lepers, faut s'accrocher ! Avec Foucault, toute la famille maîtrise à peu près jusqu'à la question à 1500 €. Seule TF1 parvient à nous donner ce sentiment valorisant.
L'ambiance à l'américaine plonge le téléspectateur dans une dimension jusqu'alors inconnue. Une musique stressante (le CD a fait un carton) et un éclairage "space" constituent le cadre parfait. Les candidats ont des écrans plats pour répondre, on est loin du buzzer rouillé de "Question pour un champion", des pupitres ringards qui doivent dater des années 60 avec le décor flashy et l'éclairage violent qui ne manque pas de souligner chaque ridule de l'animateur.
Les candidats sont des gens normaux auxquels on s'identifie facilement (plombiers, femmes au foyer, etx...), alors que chez Lepers, ils sont tous profs à la retraite, cadres, ou ingénieurs (en gros, tous ses premiers de la classe puants qu'ont voulait déjà étrangler à l'époque).
Et puis sur TF1, ça vit, ça palpite, y'a de l'émotion, on tremble, on rit, on pleure... alors que dans « Questions pour un champion », on s'emmerde grave. Comme je l'ai déjà dit, on ne comprend rien aux questions, et surtout l'enjeu est dérisoire. Pour vous dire, avec un QI de 180, on finit par gagner un dico au bout de 10 victoires consécutives, alors bonjour le suspense ! Rien à voir avec la fièvre des millions de TF1.
Et les jokers ! les précieux jokers ! On se marre des fois avec les jokers. Le public se plante, l'ami est un con, le candidat hésite entre deux réponses, comme par hasard, c'est les deux qui restent après le 50/50 ! Ça manque pas de piment, c'est sûr. Chez Lepers, y'a aucun joker, et ça manque.
Pour résumer, cette émission constitue le nouveau temple du savoir universel et du divertissement populaire, agrémenté d'un présentateur légendaire et d'un emballage lêché ultra-moderne. Un succès amplement mérité. J'adore.