Chers amis internautes, j'ai reçu la difficile mission de faire la
critique de l'œuvre (si on peut appeler ça comme ça) intitulée "Les
princes du sang" de l'écrivain Gilbert Schlogel (si on peut appeler ça
comme ça).
Mr Schlogel est médecin à la base (chirurgien pour être précis) et son livre retrace l'histoire de la médecine, à mon avis, son bouquin s'adresse surtout à un lectorat de médecins (qui d'autre pourrait s'intéresser à pareille daube ?). Non content d'être un professionnel reconnu de la santé, Gilbert Schlogel a voulu se lancer dans la littérature, et là, c'est la catastrophe...
L'idée de départ n'est pourtant pas mauvaise en soi. Ça aurait même pu être intéressant, mais voilà, le docteur a voulu jouer les romanciers. Au lieu d'écrire un essai sur la médecine à travers les âges en s'en tenant aux faits, il s'est lancé dans une pseudo-saga romanesque risible. Je vous retrace grossièement le pitch, tenez-vous bien : une dynastie de médecins de second plan, les "de la Verle", cotoie toutes les grandes pointures historiques de la santé et sont témoins des grandes évolutions de leur époque.
Pour commencer, les "de la Verle" sont tout sauf attachants. Leur
vie entière est vouée à la médecine. Ils vivent coupés du monde, ne comprennent rien à leur époque, ni à la vie en général. Ils traversent les siècles dans leur salle d'opération et leur vision du monde est plus que réduite. Depuis la première page, le lecteur les hait.
Par contre, les "de la Verle" fréquentent la Jet Set du monde
scientifique et surtout médical. Je ne sais pas comment ils font, mais dès qu'ils entrent dans une salle d'opération, ils assistent à LA grande
première du siècle. Lorsqu'ils débarquent dans une ville, on peut être
sûr qu'une révolution des conceptions médicales va s'y produire. La première fois, on y croit, la trentième moins (peut-être une tentative de
comique de répétition...).
Les De la Verle quand àeux ne découvrent jamais rien. On sent qu'ils se donnent du mal, mais ils sont plutôt du genre admirateurs passifs qu'acteurs. Ils servent de garniture, de toile de fond minable pour tenter en vain de donner une cohérence et une vigueur à cette
énumération de découvertes médicales. D'un point de vue littéraire, c'est pitoyable.
Schlogel ne fait pas dans la dentelle, c'est même le moins qu'on
puisse dire. On le voit arriver avec ses gros sabots du début à la fin.
Les personnages sont stéréotypés et caricaturaux au possible, leurs réaction prévisibles 30 pages à l'avance. Gilbert Schlogel ne recule devant rien et cumule les rebondissements navrants de banalité. L'histoire en devient comique tellement elle est conne.
Citons quelques perles :
On se croirait dans une mauvaise sitcom américaine. Tout au long du roman, les maladresses s'accumulent. Le pire c'est qu'à mon avis, il a écrit ça au premier degré. Le pauvre.
Cependant, il faut admettre qu'il y a aussi des passages plus osés,
moins conventionnels, mais tout aussi ridicules. On a presque eu droit
à une relation incestueuse entre un frère et sa demi-sœur. Je dis bien
presque parce que cette cruche a eu la bonne idée de décéder pile au moment ou il se tape un trajet de fou pour la rejoindre en Egypte. A ne
pas manquer : la scène touchante d'agonie dans les bras du frère-amant qui sait pas que c'est sa demi-sœur. Pour ma part, j'ai eu un fou rire.
Dans le genre, on se refuse rien, on a aussi droit au thème de
l'homosexualité. Bien entendu on sombre une fois de plus dans le pathétique avec une dénonciation touchante de l'intolérance de l'époque et une pendaison àpeine prévisible. D'autant que malgré son orientation homosexuelle refoulée, Florian se débrouille pour adopter deux mouflets, perpétuant ainsi la lignée et infligeant par la même une rallonge de 300 pages au bouquin. On s'en serait bien passé.
Un détail amusant : le rôle des femmes dans le roman. Je ne sais pas
si Mr Schlogel a eu des problèmes avec sa mère durant sa petite
enfance, mais alors, elles dégustent les pauvres. Elles se coltinent les rôles de potiches de la première à la dernière page. Pour résumer, elles servent surtout à pondre un petit "de la Verle" (indispensable pour la suite du roman qui couvre sept générations). Quand elles n'ont pas le malheur de mourir en couches, elles se contentent de soutenir moralement leur médecin de mari, (en bonnes cruches qu'elles sont) et elles se chopent des maladies affreuses. Et je ne parle pas des nymphomanes hystériques capricieuses et caricaturales au possible qui viennent pourrir la vie de nos paisibles médecins qui ont d'autres préoccupations.
De plus, les scènes d'opération sont trop rares et pas assez
spectaculaires. Quand on lit un bouquin comme ça, on veut voir le sang gicler, on veut voir des boyaux... Mais là encore Schloegel passe à côté et se contente de peu. Il ponctue vaguement son récit d'amputations et d'incisions diverses. On a tout de même envie de vaumir une ou deux fois, mais sur 900 pages, c'est bien peu.
Mais je crois qu'au delà de la médiocrité de sa trame, le pire dans
ce cauchemar littéraire, c'est quand même le cruel manque de style de
son auteur. Par souci d'impartialité, je laisse le lecteur juger de la
qualité de cette phrase sensée inspirer l'indignation :
Situation : Damien de la Verle (le gentil médecin) rédige une lettre pour permettre à son fils de s'échapper de Paris pendant la période mouvementée de la Commune, qu'il confie à Mary Malmort (la méchante) pour qu'elle la transmette à son mari Charles.
Lisez bien, c'est du caviar :
"Damien ne reçut aucune réponse. Il ne savait pas que cette lettre
était dans un tiroir, et que Mary allait "oublier" d'en parler à son
mari."
Notez la subtilité des guillemets. Et c'est comme ça tout le long.
Moi personnellement, j'ai beaucoup ri durant ces 900 pages. Ce livre
est culte tant il est mal écrit. Et c'est ça sa force : il trouve finalement son intérêt dans la maladresse touchante de son auteur.
On pourrait penser qu'à l'image de ses personnages, Schlogel a passé sa vie dans une salle d'opération et qu'il n'a jamais lu un livre. Je ne vois pas d'autre explication à un pareil navet. A ne lire sous aucun prétexte.